Bonjour à tous,

Cette semaine, la France a encore illustré son paradoxe préféré : surveiller plus, taxer plus, tout en expliquant aux entrepreneurs qu’ils sont des « assistés ».

Au programme : on démonte quelques idées reçues, on revient sur les décisions qui vont peser sur vos activités, et je vous partage deux guides pour vos montages et vos pratiques de CGP/CIF.

ON DECRYPTE ENSEMBLE

LE DEBUNK

On passe en revue les citations chocs de la semaine.

Les entrepreneurs assistés

Les patrons sont les plus gros assistés.

Cette phrase, devenue virale, part d’un chiffre répété en boucle.
Les soi-disant « plus de 200 milliards d’aides aux entreprises ».

Sauf qu’on mélange tout, parce que ces aides incluent :

  • Des baisses de charges dans un pays où les prélèvements sont supérieurs à la moyenne européenne,

  • Des prêts (qui se remboursent, avec intérêts),

  • La formation professionnelle, financée par les entreprises elles-mêmes.

Appeler « aides » ce qui compense un niveau de taxation délirant, c’est une gymnastique intellectuelle très commode pour accuser l’entrepreneuriat de tous les maux.

Sur le terrain, je vois des dirigeants qui paient des impôts avant même de dégager une marge et qui, accessoirement, financent les universités où certains les insultent.

La réalité est simple : ce ne sont pas les entrepreneurs qui vivent des aides publiques.
Ce sont eux qui financent le pays.

La fin des retraites

Suspendre la réforme des retraites, c’est du social

L’idée vendue est toujours la même : « mettre sur pause » la réforme des retraites serait une preuve de prudence, voire un geste social envers les plus fragiles.

En réalité, c’est exactement l’inverse.

Nous savons déjà que le système ne tient plus.
La dette explose et la démographie est défavorable.

Sans parler des jeunes, qui paieront plus, travailleront plus longtemps, pour une retraite qu’ils n’auront jamais dans les mêmes conditions que leurs aînés.

Suspendre la réforme, c’est acheter un peu de paix sociale aujourd’hui en envoyant la facture aux générations suivantes.

Gagner quelques points de popularité, aux dépens à la survie du système.

Diagnostic juste, traitement inexistant

Je quitte la Cour des comptes en bon état.

Pierre Moscovici se félicite d’un bilan interne « en bon état » avec un record de rapports publiés.

Pendant ce temps, la dette publique a augmenté d’environ 1 000 milliards d’euros.
Spoiler : publier 180 rapports au lieu de 35 n’est pas un objectif en soi.

Le rôle de la Cour des comptes n’est pas de produire des slides, mais d’inspirer des réformes concrètes.

Ses rapports sont souvent excellents : lucides, structurés, pragmatiques.
Sauf qu’ils restent dans les tiroirs.

Confondre activité et efficacité ne nous sortira pas de la crise de la dette.

LES NEWS

L’essentiel de l’actualité juridique.

Big Brother (France Travail) is watching you

On ne protège pas un système social en adoptant des pratiques qui l’affaiblissent de l’intérieur.

Le Sénat a adopté une disposition qui permettrait à France Travail d’accéder à des données pour contrôler les chômeurs.

Des relevés téléphoniques aux adresses de connexion en passant par les fichiers de compagnies aériennes.

Objectif affiché : lutter contre la fraude.
Sauf que juridiquement, quelque chose ne colle pas.

On porte atteinte à des libertés fondamentales avec des outils conçus pour la lutte contre la criminalité grave.

Le principe de proportionnalité impose que toute ingérence soit nécessaire, adaptée et strictement limitée à l’objectif poursuivi.

Or, le Code de la sécurité sociale permet déjà de vérifier la résidence des allocataires.

Avant de penser à la surveillance de masse, il faut commencer par utiliser les outils existants, et mesurer leur efficacité.

La suspicion généralisée ne doit pas devenir un mode de gouvernement.

Protection des mineurs ou contrôle ?

À force de vouloir “protéger”, on finit par museler.

D’abord, il y a eu le soutien affiché de la France au dispositif Chat Control.
Et maintenant, un projet pour interdire les réseaux sociaux avant 15 ans.

Autrement dit, la France est à l’avant-garde d’une régulation très intrusive du numérique.

Sur le papier, l’objectif est toujours le même : protéger les plus jeunes, lutter contre la haine en ligne, prévenir les crimes.

Sauf qu’en fait, on multiplie les outils de filtrage, de vérification d’âge et d’analyse des communications privées.

  • Pour les plateformes, cela signifie des contraintes technologiques lourdes et d’un risque juridique accru.

  • Pour les utilisateurs, on crée un environnement où la frontière entre modération, censure et surveillance devient floue.

Sans garde-fous clairs, nous risquons de voir s’installer un modèle où la parole publique et privée est conditionnée à des standards opaques.

S’attaquer à Shein = défendre le made in France ?

Le vrai scandale, c’est notre dépendance totale.

L’affaire Shein a été présentée comme une victoire majeure : la plateforme ne sera pas suspendue, car elle ne vendrait plus de produits illicites.

Sauf que Shein, c’est l’arbre qui cache la forêt.
97 % des vêtements achetés en France sont importés, dont 70 % de Chine.

Shein n’est qu’un des reflets de notre dépendance totale à une production que nous ne maîtrisons plus.

Oui, les produits à caractère pédopornographique sont ignobles et doivent être interdits partout.

Mais AliExpress, Temu, Wish, Amazon sont confrontés aux mêmes problématiques.
L’affaire va plus loin.

À force d’avoir sacrifié nos filières industrielles, nous voilà noyés sous des millions d’articles importés.

On défendra vraiment le made in France quand on reconstruira des filières productives.

LES GUIDES

Chaque semaine, retrouvez nos derniers guides stratégiques.

Affaire Carat GP : check-list pour CGP/CIF

L’AMF ne laisse plus rien passer.
La décision Carat GP du 5 novembre a créé un électrochoc chez les CGP et CIF.

Avec 2,5 millions d’euros de sanctions et des interdictions définitives d’exercer, le régulateur a envoyé un signal fort : l’improvisation n’est plus tolérée.

Ce guide s’adresse aux CGP, CIF, dirigeants de cabinets, mais aussi à leurs partenaires (assureurs, plateformes, cabinets d’avocats).

Vous y verrez notamment :

  • Les pratiques qui ont entraîné les sanctions (et qu’il faut bannir immédiatement),

  • Les documents et procédures que tout cabinet doit avoir en place (et à jour),

  • Une check-list opérationnelle pour auditer vos process avant que l’AMF ne le fasse à votre place.

Répondez à ce sondage pour y accéder :

Quel sujet aimeriez-vous approfondir dans nos prochaines éditions ?

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À retenir

  • Traiter les entrepreneurs « d’assistés », c’est oublier qu’ils financent le système.

  • Suspendre les réformes structurelles ne protège pas les jeunes, au contraire.

  • Les dispositifs de surveillance peuvent rapidement être généralisés. À nous d’être prudents

  • Pour les CGP, CIF et structurations immobilières, l’amateurisme devient un risque existentiel.

Vous voulez un point rapide sur vos risques et vos leviers d’action ?

Je prends toujours 30 minutes pour comprendre votre enjeu et vous donner une première feuille de route.

À très vite,
Arnaud

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