Bonjour à tous,
Cette semaine, on a eu droit à un condensé d’Absurdie.
En expliquant que 3 150 € c’est “bien payé” ;
En taxant le Bitcoin tout en rêvant d’en faire une réserve stratégique ;
En s’inquiétant de l’IA tout en lui confiant la formation des juristes.
ON DECRYPTE ENSEMBLE ↓

LE DEBUNK
On passe en revue les citations chocs de la semaine.
Les gamers sont des drogués
Je suis contre les jeux vidéo ! Vous vous rendez compte de l’addiction…
Assimiler les jeux vidéo à une “drogue” qui rendrait idiot ou dangereux, c’est du populisme.
Je suis un geek assumé, je joue dès que j’ai du temps, et je n’ai pas le sentiment d’être moins équilibré qu’un autre.
Ce qui me dérange dans ce discours, c’est l’ignorance totale de ceux qui le portent.
Ils confondent Call of Duty avec l’ensemble d’une industrie, comme si le cinéma se résumait à Scarface.
Tout en oubliant que leurs applications mobiles, Scrabble compris, sont déjà des jeux vidéo.
Moralité : ce n’est pas le joueur raisonnable qui pose problème.
C’est le réflexe paresseux qui consiste à désigner un bouc émissaire plutôt que d’affronter les vraies problématiques que sont le temps d’écran des jeunes et la gestion parentale.
3 150 € par mois, c’est “bien payé”
Ils sont bien payés mais se croient pauvres.
Sur le papier, 3150 € par mois peut sembler confortable.
Mais ramené à la réalité de 2025, ce montant ne raconte plus la même histoire.
En 2005, 3 150 € représentaient 265 % du SMIC.
Aujourd’hui, on est à 175 %, dans un contexte où le SMIC lui-même a du mal à suivre l’inflation réelle.
Autrement dit : à salaire identique, le niveau de vie est en chute libre.
Surtout lorsqu’on remet le chiffre dans son contexte.
À Paris par exemple, avec un loyer moyen de 32 €/m², ça paye 33 m², en respectant la fameuse règle du x3 exigée par les agences.
Voilà. 3 150 € = un studio. Où est le luxe là-dedans ?
Pendant ce temps, tout le reste explose.
Carburant, alimentation, énergie, assurances, santé…
Même un simple fast-food dépasse les 20 €.
Ceux qui gagnent 3 000 € ne sont pas “trop payés”.
En revanche, ceux qui gagnent moins ne le sont pas assez, dans un pays où le coût de la vie est devenu délirant.
Choose France ou “restez, s’il vous plaît” ?
Avant, on se tournait vers le reste du monde en leur disant “venez.”
Maintenant on se tourne vers les Français en leur disant “restez.”
Cette phrase résume parfaitement le tournant actuel.
Pendant des années, on a déroulé le tapis rouge à Versailles.
Photos avec Elon Musk, des milliards annoncés, de grandes annonces sur notre “attractivité retrouvée”...
Mais aujourd’hui, la réalité est brutale.
On ferme plus d’usines qu’on en ouvre.
On rigidifie quand tout le monde assouplit.
On recycle des annonces pour faire croire à de nouveaux investissements.
Et je constate les conséquences tous les jours avec les entrepreneurs que j’accompagne.
L’attractivité en action, c’est un climat lisible, des règles prévisibles et un État qui ne change pas de cap fiscal tous les 18 mois.
Choose France ? Très bien.
Mais pour attirer le monde, il faut déjà commencer par arrêter de faire fuir les Français.
LES NEWS
L’essentiel de l’actualité juridique.
Bitcoin et “fortune improductive”
La France taxe le Bitcoin le lundi et veut en faire une réserve stratégique le mardi.
D’un côté, les députés ont adopté un impôt sur la “fortune improductive” : 1 % par an sur tout patrimoine dépassant 1.3 million d’euros.
Sont visés les comptes bancaires, les assurances-vie en euros, les biens précieux et surtout, les crypto-actifs (mais pas les actions, comprendra qui pourra).
Donc détenir du Bitcoin, de la trésorerie ou une assurance-vie en euros ferait de vous un rentier égoïste, assis sur une richesse stérile.
Sauf que cette vision est économiquement et juridiquement bancale.
D’abord, ce que l’on taxe ici, c’est une richesse déjà imposée, souvent non-réalisée.
On punit le fait de posséder, pas de spéculer ou d’abuser du système.
Ensuite, qualifier la crypto de “richesse stérile” alors qu’on parle d’un secteur en pleine industrialisation est idéologique.
Taxer la détention, c’est asphyxier la confiance.
Récompenser l’usage et la réinjection dans l’économie réelle, c’est construire l’avenir.
OpenAI condamné : le droit d’auteur reprend la main
Première en Europe : OpenAI a violé le droit d’auteur et un tribunal vient de sévèrement les condamner.
Le Tribunal de Munich vient de poser un principe simple que beaucoup refusaient d’admettre : si une IA peut ressortir une œuvre protégée, c’est qu’elle l’a mémorisée.
Or, mémoriser une œuvre pour la réutiliser, c’est une reproduction.
Et sans autorisation, c’est illégal.
Le tribunal a constaté que des paroles de chansons, utilisées pour l’entraînement de ChatGPT, étaient stockées dans les systèmes d’OpenAI.
Spoiler : la défense n’a pas convaincu.
Au passage, l’exception Text & Data Mining (TDM) est recadrée.
Elle autorise l’analyse temporaire, pas le stockage durable, encore moins l’intégration dans un modèle capable de restituer l’œuvre.
Surtout, l’utilisateur n’est plus tenu responsable de ses prompts.
Celui qui collecte les données, entraîne le modèle et contrôle la technologie doit désormais endosser la responsabilité de son modèle.
Conséquence : toute IA capable de restituer un contenu protégé devra disposer d’une licence.
Les modèles devront être conformes, les jeux de données maîtrisés.
On plonge dans le sujet en détail la semaine prochaine !
IA juridique : une génération sacrifiée ?
Dans moins de deux ans, au rythme où ça va, il n’y aura plus beaucoup de stagiaires ou d’avocats juniors…
L’IA juridique fait déjà la majorité des tâches qui servaient de base à la formation : recherches, synthèses, veille, premières versions de contrats.
Elle va plus vite, coûte moins cher et se trompe rarement sur les fondamentaux.
D’un point de vue business, la tentation est énorme.
Pourquoi recruter un junior, le former, le superviser alors qu’une IA tourne 24/7 ?
Le problème, c’est que si on supprime le terrain d’apprentissage, on supprime la montée en compétences.
Pas de juniors aujourd’hui, pas de seniors demain.
Alors intégrer l’IA, oui, mais sans externaliser la pédagogie à la machine.
Sinon, on aura remplacé les juniors avant de leur avoir laissé une chance d’exister.
Panne d’Internet et dépendance à l’IA : retour au réel forcé
Quand internet subit une panne mondiale et que tu te rends compte de ta dépendance à l’IA.
CloudFlare plante, toutes nos IA sont indisponibles, et on redécouvre des choses simples : écrire sans assistant, réfléchir sans prompt, décider sans tableau de bord.
Et ça soulève une question pour les entreprises :
Que se passe-t-il si vos outils d’IA ne répondent plus pendant 48 heures ?
Votre production et votre service client tiennent-ils le choc ?
Vos équipes savent-elles encore traiter un dossier “à la main” ?
L’IA est un formidable levier de productivité.
Mais une dépendance totale à une infrastructure qu’on ne maîtrise pas est un risque opérationnel majeur.
Organisez votre résilience.
Gardez des compétences humaines, documentez les processus, prévoyez des plans B.
La meilleure assurance est encore d’entretenir l’intelligence humaine.
LES GUIDES
Chaque semaine, retrouvez nos derniers guides stratégiques.
Appel public à l’épargne : la roulette russe du non-coté

Dans le non-coté, la communication financière part en roue libre.
Ce que je vois passer depuis des mois est juridiquement inacceptable.
Si vous êtes :
Un club deal ;
Une société non-cotée ;
Un family office non-régulé ;
Ou une start-up hors plateforme agréée ;
Alors vous êtes probablement aux frontières de l’appel public à l’épargne, parfois sans le savoir.
Aujourd’hui, je vois tous les jours :
Des webinaires ouverts à tous ;
Des sites publics “Investissez dès 1 000 €” ;
Des Google Forms pour “rejoindre l’aventure” ;
Des posts LinkedIn “on ouvre notre tour, DM si intéressé” ;
Des clubs deals à 300 ou 500 investisseurs dans une simple SAS ;
Des promesses de “rentabilité garantie” ou de “sortie assurée à 5 ans”.
Sauf que tout ça n’est pas juste de la “communication sympa”.
C’est de l’appel public à l’épargne, encadré par le règlement Prospectus et l’AMF.
Le fameux seuil de 150 personnes concerne toutes les personnes contactées ou susceptibles d’être contactées.
Derrière, vous risquez la nullité des souscriptions, voire d’engager la responsabilité civile et pénale des dirigeants
Pour éviter ça, j’ai rédigé un guide complet.
Répondez à ce sondage pour y accéder :
Quel est votre rapport au non-coté ?
À retenir
Blâmer les jeux vidéo ou TikTok ne résout rien.
La classe moyenne suffoque, y compris chez les professions dites “privilégiées”.
Taxer la “fortune improductive” et le Bitcoin, c’est punir la détention de valeur et envoyer un très mauvais signal à ceux qui investissent.
La frontière entre communication et appel public à l’épargne est fine : l’ignorer, c’est prendre un risque personnel très concret.
Vous voulez un point rapide sur vos risques et vos leviers d’action ?
Je prends toujours 30 minutes pour comprendre votre enjeu et vous donner une première feuille de route.
À très vite,
Arnaud

